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Aker

Dieu égyptien représentant la terre et la frontière entre les vivants et les morts

Dans la vaste cosmogonie de la mythologie égyptienne, Aker (ou Akar) occupait une place singulière parmi les divinités les plus anciennes. Ce dieu primitif, vénéré dès les premières dynasties, incarnait la déification même de l'horizon, cette ligne énigmatique où le ciel semble rencontrer la terre. Son culte semble avoir précédé celui d'autres dieux terrestres plus célèbres, tels que Geb, le souverain du sol et des plantes. Son nom, Aker, signifie littéralement «Celui qui se courbe», en référence à la perception du monde antique selon laquelle l'horizon formait un cercle englobant tout ce qui existait.

Les Textes des Pyramides, ces antiques inscriptions funéraires gravées pour assurer la protection des pharaons dans l'au-delà, mentionnent les Akeru, une pluralité d'entités associées à Aker, souvent traduits par « Ceux de l'horizon ». Selon ces textes, ces esprits ne pouvaient pas entraver le passage du pharaon vers son destin céleste, symbolisant ainsi l'ascendance incontestée du monarque sur les forces cosmiques et sur les peuples étrangers. Cette croyance soulignait l'idée que le pharaon, en tant qu'incarnation divine, avait le pouvoir d'unir les forces terrestres et célestes sous son règne.

Dans l'iconographie égyptienne, Aker était initialement représenté comme une simple bande de terre s'étendant d'une extrémité à l'autre, avec une tête située de chaque côté. Cette double tête symbolisait les frontières du jour et de la nuit, incarnant ainsi la transition entre le passé et l'avenir. Ce concept fut ultérieurement enrichi par l'association avec le Lion, une créature solaire et royale par excellence. À mesure que le soleil atteignait son zénith dans le zodiaque du Lion, la représentation d'Aker évolua pour afficher deux lions adossés, chacun regardant dans une direction opposée.

Ces deux lions furent nommés Sef et Duau : le premier représentait hier, ancrant l'idée du passé et de l'expérience acquise, tandis que le second incarnait demain, une projection vers l'avenir et le renouveau perpétuel. Entre ces deux gardiens se dressait le soleil renaissant, prêt à entreprendre sa course quotidienne à travers le ciel. Cette iconographie devint un motif récurrent dans les temples et les tombes, rappelant l'ordre cyclique du monde et l'importance de la continuité du temps.

Ainsi, Aker ne se limitait pas à une simple divinité de l'horizon, mais incarnait un concept bien plus profond : celui de la transition, de la protection et de l'éternel renouveau du cycle solaire. Son rôle s'inscrivait dans la pensée égyptienne comme un gardien veillant sur le passage du soleil, du temps et des âmes traversant les confins de la vie et de la mort.



Dernière mise à jour : Vendredi, le 7 février 2025