Amon-Rê
Dieu égyptien
Le dieu d'Égypte, Amon-Rê, représente une figure centrale dans la mythologie égyptienne.
La question de savoir si la fortune des dieux dépend de celle de leurs fidèles, ou inversement, demeure une réflexion complexe, interrogeant le lien entre divinité et croyants.
Le dieu de Thèbes
Amon était le dieu local de Thèbes, vénéré comme le dieu de l'Air et de la Fertilité. Il est souvent représenté sous la forme d'un homme portant un pagne et un mortier sur la tête, orné de deux plumes. Parfois, il est aussi représenté avec une tête de bélier. Son épouse, Mout, déesse du Ciel, prend la forme d'un vautour, tandis que leur fils, Khonsou, est un enfant coiffé d'un croissant de lune.
Le nom d'Amon signifie «dieu caché», une référence à son aspect mystérieux et inconnu. Amon n'a pas de véritable histoire, mais il emprunte celle d'autres dieux. Lorsque Amenemhat Ier fonda la XIIe dynastie et que Thèbes devint la capitale de l'Égypte, Amon fut élevé au rang de dieu protecteur de la nation, puis de divinité primordiale et éternelle, appelée «roi des dieux». On croyait que le pharaon qui avait réuni l'Égypte sous son autorité l'avait fait grâce à l'aide d'Amon, le créateur et organisateur du monde.
Amon et Rê
Amon est souvent confondu avec le dieu Rê, dont le nom est un symbole de suprématie. Rê incarne le Soleil, adoré depuis les temps les plus anciens. Deux traditions existent pour expliquer son origine :
- Selon l'une, Rê émergerait du Noun (l'océan primordiale) et les pyramides symbolisent la colline sur laquelle il apparaîtrait. À Héliopolis, une pierre sacrée, la Benben, serait le lieu de sa création.
- Selon l'autre tradition, Rê serait le fils de Geb (la Terre) et de Nout (le Ciel). Il naît chaque matin du ventre de sa mère et plonge chaque soir dans le royaume des morts.
L'animal associé à Rê est le phénix, symbole de résurrection et d'immortalité. Rê demeure un des grands dieux du panthéon, toujours populaire et souvent fusionné avec d'autres divinités.
Amon-Rê
Avec le temps, Amon devient Amon-Rê, et son culte se développe sous les pharaons. Le sanctuaire de Karnak devient un lieu prestigieux, avec des richesses fabuleuses. Les prêtres d'Amon-Rê obtiennent un pouvoir tel qu'ils finissent par accéder à la royauté à la fin de la XXe dynastie. Cependant, lorsque la capitale de l'Égypte change, la gloire d'Amon-Rê s'estompe, et des dieux provinciaux, comme Osiris, gagnent en popularité et deviennent ses rivaux.
Les adorateurs d'Amon-Rê
Le culte d'Amon-Rê attire un grand nombre de personnes. Sous Ramsès III, son clergé compte 81 322 personnes, en raison de la gestion de ses vastes propriétés. Il est le seul dieu d'Égypte à avoir des «divines adoratrices», considérées comme ses épouses terrestres. Ces femmes, tenues au célibat, sont chargées de garantir la succession par l'adoption, et leur rôle, souvent réservé aux princesses, les amène à supplanter peu à peu le grand prêtre d'Amon.
La belle fête
Chaque dixième mois de l'année, Amon de Karnak traverse le Nil dans une somptueuse barque, l'Ouserhat, recouverte d'or et de pierres précieuses. Cette procession, à laquelle participe le pharaon, fait le tour des temples royaux.
Au quotidien, les rites ressemblent aux soins réservés au pharaon : habillage, onction, offrandes et libations.
Propagation du culte
Le culte d'Amon-Rê se répand au-delà de l'Égypte, trouvant une place à Meroé, au Soudan, et même en Grèce sous le nom d'Ammon. L'oracle de Siwah, consulté par Alexandre le Grand, est une filiale de l'oracle de Thèbes.
Le créateur
« Les hommes, troupeau de Dieu, ont été bien pourvus. Le dieu-soleil a fait le ciel et la terre pour eux. Il a fait l'air pour vivifier leurs narines, car ils sont ses images, issues de ses chairs. Il brille dans le ciel et fait naître la végétation, les animaux, les oiseaux et les poissons pour les nourrir... » (Instructions pour Merikaré, environ 2000 ans avant J.-C.).
Le Primordial
« Rendre hommage à Amon-Rê, roi des dieux, le Primordial, celui étant venu à l'existence en premier, dieu unique, celui soulevant le ciel, ayant fait le ciel, la terre, les eaux... » (Inscription trouvée à Deir el-Médineh)