Arthur
Héros celte
Prouesses et courtoisie, conquêtes et service de l'Église sont les idéaux qui animent la cour du roi Arthur (ou Artus). Il incarne l'image du souverain parfait, mêlant bravoure militaire et noblesse de cour, conciliant l'honneur chevaleresque avec la quête du bien commun.
Fils d'Uter Pendragon, roi de Bretagne, et d'Ygerne, épouse du duc de Cornouailles, Arthur symbolise l'union de deux peuples partageant une histoire commune de part et d'autre de la Manche. Selon Gaufrey de Montmouth, dans son ouvrage Historia regum Britanniae (1137), il est issu d'une lignée de souverains appelés à dominer les terres britanniques. Sa légende s'est transmise à travers les âges, enrichie par des récits où se mêlent histoire, mythologie et idéaux de la chevalerie.
Le roi-chevalier
Élevé par Merlin l'Enchanteur, figure légendaire aux multiples pouvoirs, Arthur accède au trône dès l'âge de quinze ans, alors qu'il n'était encore qu'un jeune homme inexpérimenté. Toutefois, son destin s'accomplit lorsqu'il parvient à retirer l'épée du rocher, prouvant ainsi qu'il est l'élu des dieux et le souverain légitime de la Bretagne. Armé d'Excalibur, sa célèbre épée magique, il entreprend une série de batailles épiques pour débarrasser son royaume des monstres et des envahisseurs, consolidant ainsi son autorité sur l'ensemble du territoire.
Il ne se contente pas de défendre ses terres : il se lance également dans de vastes campagnes militaires. Ses exploits le mènent jusqu'à Rome, où il impose son pouvoir, et même en Palestine, d'où il rapporte la précieuse Croix du Christ. Ainsi, Arthur n'est pas seulement un roi protecteur, mais un conquérant à la stature mythique, réunissant sous son sceptre des contrées éloignées et ralliant à sa cause les plus valeureux des chevaliers.
Cependant, derrière cette image de roi glorieux se cache une tragédie inévitable. Trompé par Guenièvre, se laissant courtiser par Lancelot du Lac, il subit également la trahison de son neveu Modred, profitant de son absence pour usurper son trône. Rongé par le chagrin et la colère, il tente de rétablir son pouvoir mais finit par être mortellement blessé en l'an 542 lors d'une bataille contre le traître. Avec lui s'effondre le royaume de Logres, mettant un terme à l'âge d'or de la chevalerie arthurienne.
Selon Thomas Malory, dans La Mort d'Arthur (1470), le grand roi échange son existence terrestre contre une destinée plus grande. Morgane et les fées le transportent sur une nef enchantée vers l'île d'Avallon, où il repose en attendant le jour où il reviendra délivrer son peuple.
Les chevaliers de la Table ronde
Arthur établit sa cour au château de Caerleon, au pays de Galles, où il rassemble les plus valeureux chevaliers du royaume. Là, il institue un ordre prestigieux : celui des chevaliers de la Table ronde, conçu pour éviter les querelles de préséance. Chacun des chevaliers y siège en égal, partageant un même idéal de bravoure et de loyauté.
Ces hommes d'exception ne se contentent pas de guerroyer ; ils suivent le Code de la Chevalerie, leur imposant un strict respect de l'honneur, de la fraternité d'armes, de la défense des plus faibles et du service de l'Église. À leur retour de mission, ils se retrouvent au château de Joyeuse-Garde, où ils relatent leurs exploits et célèbrent leur quête.
Les récits chevaleresques rapportent que lors des grandes festivités, le roi Arthur ne prenait jamais place à son banquet avant qu'une aventure ne fût annoncée. Comme le mentionne Le Saint Graal, rédigé par Jacques Boulenger en 1923, cette tradition témoignait de l'importance donnée aux épreuves et aux défis dans la cour arthurienne.
La quête du Graal
Plus qu'un simple divertissement, la quête du Saint Graal est la mission ultime des chevaliers d'Arthur. Cette coupe sacrée, auréolée de mystère, est associée à plusieurs légendes : elle serait celle où Ponce Pilate s'est lavé les mains avant la crucifixion, ou encore celle utilisée lors de la Sainte Cène, le dernier repas du Christ. Certains récits affirment également qu'elle a recueilli le sang divin après la crucifixion.
Mais cette quête ne peut être menée que par un chevalier d'une pureté absolue. Seuls les plus vertueux peuvent espérer apercevoir le Graal. Ainsi, parmi les preux chevaliers, seul Galaad, fils de Lancelot, se montre digne de cet honneur. Dans les textes médiévaux, il est décrit comme le vrai chevalier, celui étant destiné à cette mission sacrée, descendant du roi Salomon et de Joseph d'Arimathie. Sa réussite met un terme aux temps aventureux et marque l'achèvement de la chevalerie idéale.
La mort d'Arthur
Lorsqu'il comprend que son heure est venue, Arthur s'adresse une dernière fois à son épée légendaire. Avant de succomber, il murmure ces mots :
« Excalibur, noble épée, la meilleure ayant jamais existé, hormis celle du roi David... Aujourd'hui, tu perds ton maître et souverain légitime ! Seul Lancelot, malgré sa trahison, pourrait être digne de te porter. Hélas ! Que Jésus-Christ lui permette un jour de t'avoir entre les mains, et mon âme en serait soulagée... »
(Jacques Boulenger, La Mort d'Arthur, Paris, 1923)
Ainsi s'éteint Arthur, dernier rempart d'un monde révolu. Mais son souvenir demeure, porté par les récits et les légendes, annonçant son retour prophétique en un temps où la justice et la bravoure devront renaître.