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Génies

Esprits mythiques

Les essences cachées des choses, répondent partout, les génies se mélangent parmi les hommes, s'associant à la matière, aux objets quotidiens, et présidant aux événements formant la trame du monde. Les génies sont comme des doubles des choses, des êtres, des événements. Ils incarnent l'essence spirituelle et cachée de ces éléments. En eux se manifestent les profondeurs mystérieuses de la réalité, révélant des tendances les poussant à agir, souvent malgré eux-mêmes.

Le monde des génies, bien que moins bienfaisant que celui des anges, et moins malfaisant que celui des démons, se situe dans une zone grise, oscillant entre les deux. Ces entités sont les réceptacles des énergies invisibles régissant la vie et la mort. Leur présence n'est ni entièrement lumineuse ni totalement sombre. Ils sont l'incarnation de forces mystérieuses échappant à la compréhension humaine. Leurs actions et leurs effets peuvent être ressentis par ceux sachant les percevoir, mais ils agissent toujours d'une manière ambigüe et souvent imprévisible. Leurs rôles varient selon la nature du monde et des éléments auxquels ils sont associés.

Les génies sont dits posséder d'une existence séparée et distincte, comme des entités indépendantes des formes physiques que nous percevons. Ils sont au coeur de l'animisme imprégnant les sociétés primitives, étant les voix de la nature, les éléments et les phénomènes naturels. Leur présence est la manifestation même du mystère de l'existence et de la vie. En tant qu'entités spirituelles, ils expriment les forces invisibles et profondes façonnant l'univers. Leur caractère est souvent énigmatique, mystérieux et teinté d'une aura fantastique. Les réactions des génies sont imprévisibles, et, bien souvent, il est préférable de chercher à les apaiser que de risquer de les irriter, car leur influence sur les affaires humaines peut être très puissante, souvent au-delà de ce que l'on pourrait imaginer.

Les Iskoki

Les peuples de génies sont innombrables à travers le monde, chaque culture ayant sa propre conception de ces entités spirituelles influençant le monde matériel. Prenons par exemple l'histoire racontée par les Haoussa d'Afrique noire, expliquant l'origine de ces génies invisibles.

Selon leur mythologie, Dieu (le Père de la maison) crée Adamu, le premier homme, et Adama, la première femme. Ce couple divin donne naissance à soixante-dix couples de jumeaux. Un jour, Dieu, connu sous le nom d'Ubangiji dans leur culture, annonce sa visite imminente. Soudainement pris de honte et de remords pour avoir donné naissance à une telle quantité d'enfants, Adamu et Adama décident de cacher la moitié de leurs enfants dans les arbres, dans les grottes ou dans les déserts pour échapper au regard de Dieu.

Cependant, Dieu, omniscient et omniprésent, voit tout. Il ne se laisse pas tromper par l'illusion des premiers hommes. En punition pour leur manque de confiance, il décide que les enfants cachés demeureront invisibles pour toujours. Bien qu'ils vivront parmi les autres humains, se reproduiront de manière similaire, et partageront des caractéristiques communes, ils ne seront jamais vus par leurs semblables. En plus, ils devront causer des torts aux autres humains visibles, qui devront les nourrir en leur offrant des sacrifices d'animaux. Ces enfants invisibles sont connus sous le nom d'Iskoki, les génies invisibles.

Chez les Romains

Les génies ne se limitent pas aux objets ou aux éléments naturels; certains sont associés à des concepts plus abstraits. Parmi les Romains, des génies sont attachés à des aspects de la vie quotidienne, comme la guerre, la chasse, ou même la victoire. Ils sont vus comme des entités protectrices et bienveillantes veillant sur ces moments cruciaux de l'existence humaine. Les Romains reconnaissaient notamment un génie spécial lié au lit conjugal, responsable de la fécondité et de la prospérité du ménage. Ce génie était essentiel pour garantir une vie familiale harmonieuse et la continuité des générations. De même, un autre génie était associé à la table, influençant les repas et favorisant la bonne chère, l'abondance et la convivialité lors des repas.

Lorsque l'Empire romain se développe et atteint son apogée, la multiplication des génies ne ralentit pas. Même les plus grands dieux romains ont leurs propres génies, ces entités spirituelles les aidant dans leurs actions divines. On sacrifiait fréquemment au génie de Mars, le dieu de la guerre, ou à celui de Jupiter, le dieu suprême, non seulement pour solliciter leur protection et leur faveur, mais aussi pour s'éloigner de l'influence directe de ces dieux et se concentrer sur leur essence spirituelle plus profonde. Ces sacrifices étaient réalisés pour se rapprocher de l'âme de ces divinités et pour honorer leur essence immortelle plutôt que leurs simples avatars terrestres.

Au Grand Siècle

Au XVIIe siècle, l'idée de génie évolue et change de forme. Le génie n'est plus une entité indépendante, mais un talent, une puissance créatrice exceptionnelle, comme une force invisible et divine qui habite l'individu. On parle désormais du génie comme d'un "don des dieux", une capacité exceptionnelle et inexplicable s'élevant au-dessus des capacités humaines ordinaires. Ce changement reflète un tournant dans la perception du génie, qui devient une qualité individuelle d'exception plutôt qu'une entité spirituelle collective. Le génie devient un phénomène inexplicable, presque mystique, semblant survenir de manière imprévisible, parfois même sans raison apparente, mais ayant néanmoins un impact profond sur le monde.

Le Protecteur du temple

Enfin, le concept de génie s'étend également aux temples et lieux sacrés. Les génies sont souvent vus comme les protecteurs des espaces sacrés, veillant sur l'intégrité des lieux de culte et des rituels spirituels. Un texte antique nous montre cette idée à travers une prière ancienne :

«Génie protecteur du temple, protège ton temple. »

« Que le dieu protecteur du temple demeure dans le temple, que le bon Udug et que Lama bénifique entrent dans le temple. »

Ces paroles viennent de textes cunéiformes gravés sur des tablettes babyloniennes, et elles expriment la demande des dévots de voir leur temple protégé, sanctifié et béni par la présence des génies. Ces écrits anciens, conservés au British Museum, témoignent de l'importance des génies dans la culture spirituelle des civilisations antiques. Ils montrent comment les anciens comprenaient l'interconnexion entre le monde matériel et spirituel, où les génies jouaient un rôle crucial dans le maintien de l'ordre et de la prospérité dans la société.



Dernière mise à jour : Vendredi, le 7 février 2025