Gilgamesh
Héros sumérien
Gilgamesh, fils de la déesse Ninsun et d'un mortel, est le roi d'Uruk, une grande cité dans l'ancienne Mésopotamie. En tant que souverain, il est décrit comme un grand constructeur, transformant Uruk en une forteresse pratiquement imprenable. Il fait édifier un mur imposant de neuf kilomètres et demi de long, orné de plus de neuf cents tours, rendant sa ville quasiment invincible face aux envahisseurs.
Malgré sa grandeur, Gilgamesh se comporte de manière tyrannique. Il impose des souffrances à ses sujets, obligeant les femmes à lui obéir et les hommes à accomplir des travaux harassants. Sous le poids de cette oppression, ses sujets implorent les dieux de les délivrer de leur cruel roi. En réponse, les dieux décident de créer un être capable de résister à la tyrannie de Gilgamesh et de lui tenir tête. Cet être, c'est Enkidu.
Enkidu
Enkidu est l'opposant parfait à Gilgamesh. À la fois sauvage et proche des bêtes, Enkidu vit dans la nature, dans des terrains inaccessibles, où il côtoie des animaux féroces. Il est recouvert de poils, une apparence le rendant plus proche de la créature animale que de l'homme. Vivant en totale symbiose avec la faune, il n'a pas connaissance de la civilisation humaine. Cependant, sa force extraordinaire lui permet de semer le chaos autour de lui, défiant quiconque se dresse sur son chemin.
Gilgamesh, par le biais d'un rêve et d'un chasseur l'informant, apprend l'existence d'Enkidu. Afin de le civiliser, il envoie une courtisane réussissant, après une union de sept jours et sept nuits, à faire d'Enkidu un homme. Enkidu, désormais civilisé, suit la courtisane jusqu'à Uruk, où il commence à découvrir les coutumes humaines. C'est là qu'il rencontre Gilgamesh, et une confrontation violente s'ensuit entre les deux hommes. Chacun souhaite prouver sa suprématie, mais finalement, Gilgamesh, plus rusé, sort vainqueur. Cependant, il éprouve un profond respect et une amitié sincère pour Enkidu, son adversaire devenu compagnon.
La Mort d'Enkidu
Les deux héros, désormais alliés, partent ensemble pour une quête audacieuse : tuer Huwawa, un monstre de grande puissance capable de cracher du feu et de tuer par son souffle empoisonné. Ce monstre vit dans une forêt sacrée de cèdres, dont il est le gardien. Après de nombreuses péripéties et de violents affrontements, ils parviennent à terrasser Huwawa et à le tuer.
De retour à Uruk, Gilgamesh se retrouve confronté aux avances de la déesse Ishtar, étant séduite par ses exploits héroïques. Cependant, Gilgamesh, dans un geste d'insolence, refuse les avances de la déesse, la comparant à une chaussure qui blesse le pied. Furieuse, Ishtar provoque une vengeance divine en envoyant un taureau céleste pour détruire Gilgamesh et sa cité. Ensemble, Gilgamesh et Enkidu affrontent le taureau céleste, Enkidu réussissant à saisir la bête par la queue, tandis que Gilgamesh plante son épée entre les cornes du taureau.
Cependant, cette victoire n'est que de courte durée. Enkidu, exalté par leur triomphe, nargue la déesse Ishtar de manière cruelle, ce qui entraîne sa vengeance. Enkidu tombe malade et meurt après douze jours d'agonie. Gilgamesh est dévasté par la perte de son ami et pleure pendant sept jours et sept nuits, espérant ainsi le ramener à la vie.
Après la mort d'Enkidu, Gilgamesh, désemparé et terrifié par la perspective de sa propre mort, se lance dans une quête pour l'immortalité. Il apprend qu'Utnapishtim, un personnage ayant survécu au grand déluge envoyé par les dieux, est immortel et cherche à le retrouver pour obtenir des réponses.
Les Péripéties de Gilgamesh
Au cours de son voyage, Gilgamesh rencontre divers êtres et traverse des épreuves. Il est aidé par les hommes-scorpions, étant les gardiens de la porte du Soleil, et leur permet d'ouvrir la voie vers le royaume des morts. Après une longue traversée dans les ténèbres, il rencontre la nymphe Siduri, tentant de le détourner de sa quête en lui conseillant de profiter des plaisirs de la vie. Néanmoins, Gilgamesh persiste dans sa recherche de l'immortalité.
Il traverse finalement les eaux de la mort et arrive sur la rive où réside Utnapishtim. Ce dernier lui révèle un secret : pour devenir immortel, Gilgamesh doit rester éveillé pendant six jours et sept nuits. Cependant, épuisé par son voyage, Gilgamesh tombe dans un sommeil profond et ne se réveille qu'après la septième nuit. Lorsqu'il prend conscience de sa défaite, il s'interroge sur le sens de la vie et de la mort, déplorant le fait qu'il ne puisse échapper à son destin.
Utnapishtim lui révèle alors l'existence d'une plante magique, capable de restaurer la jeunesse et de conférer l'immortalité. Gilgamesh part en quête de cette plante, la trouve au fond de la mer, et prend la décision de la ramener à Uruk pour la partager avec ses sujets. Mais alors qu'il prend un bain dans une source, un serpent, attiré par l'odeur de la plante magique, la mange, privant ainsi Gilgamesh de l'immortalité. Dépouillé de cette dernière chance d'échapper à la mort, il rentre à Uruk, accepte sa condition humaine et reprend sa vie, consciente de la fin inéluctable l'attendant.
Acceptation de l'Humanité
Gilgamesh est un personnage complexe, incarnant à la fois la puissance divine et la fragilité humaine. Il est décrit comme étant composé de deux tiers de divinité et d'un tiers d'humanité, un être surpassant les autres hommes par sa force et sa beauté. Il est comparé à un buffle puissant, symbolisant sa grande puissance physique, et son nom est synonyme de gloire et d'exploit.
Mais au-delà de ses prouesses et de ses victoires, Gilgamesh est aussi confronté à sa propre mortalité. La sagesse qu'il acquiert au fil de son voyage le conduit à accepter que la mort fait partie de la condition humaine et que l'immortalité n'est pas destinée à l'homme. Cette prise de conscience fait de lui un être plus sage et plus respectueux des valeurs humaines, et sa quête devient une métaphore de la recherche de sens et de la compréhension de l'existence.