Mithra
Dieu indo-européen
Mithra est un dieu souverain et divin, un être dont le pouvoir et l'autorité s'étendent sur l'ensemble de l'univers. Contrairement à son collègue Varuna, incarnant la force coercitive et la discipline imposée, Mithra personnifie les qualités opposées mais complémentaires de la paix, de la bienveillance, et de la non-hostilité. En tant que maître des accords et des contrats, il est celui protègeant l'intégrité des pactes conclus entre les hommes, veillant à ce que ces engagements soient respectés sans recours à la violence. Sa fonction divine consiste à introduire des compromis dans un monde souvent troublé par le conflit et l'injustice. Il est l'artisan de l'harmonie universelle, offrant une vision de sérénité que Varuna, avec sa nature plus guerrière et impitoyable, ne saurait réaliser.
Dans les anciens textes védiques, qui racontent les histoires des dieux et des forces cosmiques, Mithra apparaît non seulement comme une figure de souveraineté, mais aussi comme un dieu qui ouvre dans l'ombre pour instaurer la paix et maintenir l'équilibre cosmique. Tandis que Varuna assure la justice par des moyens plus radicaux, Mithra, en tant qu'agent de la douceur, intervient pour garantir la tranquillité de l'ordre naturel. Son rôle est indispensable à la bonne marche de l'univers, car il est celui qui transforme l'énergie brute en une forme plus douce et plus ordonnée, guidant le monde vers des solutions conciliantes.
Dans l'Avestan, texte sacré du mazdéisme, Mithra est étroitement associé au Soleil, ce grand astre qui éclaire le monde et symbolise la lumière divine. Cependant, dans la cosmologie de Mithra, le soleil n'est pas seulement un phénomène physique, mais un symbole de la présence divine. Avant même l'apparition du soleil dans le ciel, Mithra s'élève. Il se trouve à l'avant-garde, chevauchant son char étant tiré par des chevaux blancs majestueux, illustrant la pureté et la grandeur de son esprit. Avec sa capacité à voir tout, grâce à ses mille oreilles et dix mille yeux, Mithra est perçu comme celui surplombant l'ensemble du cosmos. Rien ne lui échappe, et son regard inflexible englobe l'univers entier, à la fois protecteur et juge.
Les mystères du culte de Mithra
Le mithraïsme, cette ancienne religion se propageant largement au sein de l'Empire romain durant les premiers siècles de notre ère, nous offre une vision fascinante du rôle de Mithra, particulièrement à travers la représentation de la tauroctonie, l'acte sacré où Mithra tue un taureau. Dans cette image, Mithra est le héros invincible maîtrisant un taureau gigantesque, qu'il tient fermement par les naseaux tout en enfonçant une épée sacrée dans son corps. Ce rituel symbolise la puissance divine de Mithra, agissant pour ramener l'ordre en sacrifiant une créature puissante mais anarchique. Le taureau, dans de nombreuses cultures anciennes, symbolise à la fois la force brute et la fertilité de la terre, et c'est dans cet acte de violence maîtrisée que Mithra parvient à assumer son rôle de régénérateur. Les forces cosmiques se déchaînant à la suite de cette scène sont cruciales, car le sang du taureau, s'écoulant de la plaie profonde, est bu par un chien et un serpent. Ces animaux symbolisent respectivement la vigilance et la sagesse, absorbant ainsi l'essence vitale de la victime. Parallèlement, un scorpion mord les parties génitales du taureau, accentuant l'aspect de la destruction dans cette scène symbolique. Mais de cette souffrance émerge la régénération : des herbes curatives et des plantes salutaires poussent du corps de la bête, le blé nourrissant les hommes et la vigne, dont le raisin produit le vin sacré de la rédemption.
Le mithraïsme est avant tout une religion de salut et de transformation. Dans cette tradition, Mithra ne connaît pas la mort. Contrairement à d'autres figures divines qui sont sujettes à la déchéance ou à l'anéantissement, Mithra est toujours celui se levant et se relevant. Certains motifs iconographiques de cette religion montrent Mithra derrière le char du soleil, poursuivant son ascension vers le ciel pour accomplir le jugement dernier, tel un juge céleste. Ce rôle de rédemption et de résurrection des corps est central dans le mythe de Mithra, qui incarne une force immortelle.
Le mithraïsme se caractérise aussi par sa structure intime, organisée autour de petits groupes d'initiés se retrouvant dans des lieux sacrés tels que des grottes ou des édifices conçus pour rappeler la forme des cavernes, symbolisant ainsi le retour aux origines cosmiques. Ces initiés célébraient un culte à la fois mystérieux et profond, comprenant un repas rituel commémorant celui que Mithra et le Soleil partagèrent après la création du monde. Ce repas symbolisait l'union divine et la coopération entre ces deux entités sacrées, et il faisait écho à un acte primordial de communion. Le culte comprenait également des sacrifices de taureaux, soulignant le rôle central de la victime sacrificielle dans le processus de purification et de régénération.
Le mithraïsme est une religion initiatique offrant un cheminement en sept étapes, chaque étape marquée par un grade spécifique. Ces grades, allant du Corbeau au Père, symbolisent une ascension spirituelle et un raffinement de l'âme. Les initiés recevaient des insignes spécifiques et des responsabilités les distinguant dans la hiérarchie, allant de la simple tâche de servir le vin ou de brûler l'encens à des rôles plus importants, comme celui de gardien des mystères.
Cette religion, introduite par les soldats, rencontra un succès retentissant dans l'Empire romain. Elle ne se limita pas aux classes populaires ou aux soldats, mais toucha également les plus hautes sphères sociales. L'empereur Commode lui-même s'y adonna et se fit initier, illustrant la portée universelle de cette croyance.
Le regard cosmique de Mithra sur l'univers
Dans les Védas, Mithra est aussi décrit comme ayant une vision omniprésente du monde. Il est celui qui, par son regard divin, fait en sorte que l'organisation des hommes et des dieux se réalise dans le respect des principes cosmiques. Sa fonction est de garantir que les êtres humains vivent en accord avec les lois naturelles et divines. Il ne se contente pas de veiller sur les hommes, mais sur toutes les formes de vie, qu'elles soient célestes ou terrestres. Il est celui faisant en sorte que la Terre et le Ciel soient unis dans une parfaite harmonie. Il est également celui qui est le garant de la justice divine, s'assurant que les lois naturelles s'appliquent à toute chose.
L'Avesta
L'Avesta, texte sacré du mazdéisme, détient une importance capitale dans l'histoire des religions indo-européennes. Il contient des récits et des hymnes remontant à des époques lointaines, probablement aux alentours du Ve ou du VIe siècle avant notre ère. L'Avesta est considéré comme l'un des témoins les plus précieux de cette tradition ancienne, aux côtés du Veda hindou, étant une autre source majeure de la sagesse religieuse et spirituelle. L'Avesta transmet les enseignements et les lois révélées par les divinités au peuple, notamment par Zarathoustra, qui a codifié les principes de cette foi dans un texte intemporel, marquant à la fois le passé et l'avenir des croyances zoroastriennes.