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Moires (Parques)

Déesses grecs et romaines

La personnification du destin sous la forme d'une loi infiniment rigide et inaltérable, les Moires s'imposent sur tous les êtres vivants, des plus grands aux plus petits, des plus anciens aux plus jeunes, des plus forts aux plus faibles, sans distinction ni clémence. Chaque individu, chaque créature, chaque existence, qu'elle soit royale, humble, âgée ou juvénile, doit se soumettre à leur volonté implacable, ce qui rend leur pouvoir universel et incontestable. Elles représentent la force inébranlable du destin, et ce qui doit arriver arrivera, indépendamment de la volonté humaine ou divine.

Les Moires sont trois divinités distinctes : Atropos, Clotho et Lachésis, étant les filles de Zeus, le roi des dieux, et de Thémis, déesse de la justice. Leur autorité est absolue, étendant leur influence et leur pouvoir à tous les aspects de la vie humaine. Elles sont responsables de l'ensemble du cycle de la vie, de la naissance à la mort. Elles ne font pas de discrimination, leur jugement s'appliquant à tous les êtres vivants, quelles que soient leur origine ou leur importance dans l'ordre cosmique. Elles tissent, déroulent et coupent la laine, chaque geste symbolisant un aspect fondamental de la condition humaine et du passage inexorable du temps.

La première des Moires, Clotho, file la laine, ce qui symbolise la naissance, le début de la vie. Elle initie le processus vital, le fil de l'existence étant doucement entremêlé, débutant ainsi le cycle de l'existence. La deuxième, Lachésis, enroule la laine, ce qui représente le déroulement de la vie, la manière dont chaque instant de notre existence se tisse et prend forme au fur et à mesure de notre passage sur Terre. Enfin, la troisième, Atropos, coupe la laine, marquant ainsi la fin de la vie, la mort, le point ultime et inévitable de l'existence. Ce geste irrévocable est l'instant où l'individu cesse d'exister dans le monde matériel. Ces trois étapes sont inéluctables et insurmontables, et aucune force, divine ou humaine, ne peut empêcher le destin d'accomplir son oeuvre.

Implacables et aveugles, ces déesses ne font aucune distinction, ne s'inclinent devant aucun appel ou supplication. Elles déterminent l'heure de la naissance, du début de la vie, et l'heure de la fin, du terme de la vie. Leur vision ne souffre aucune partialité ; elles ne sont influencées par aucun sentiment humain, aucune émotion. Elles incarnent l'essence même du destin : un flux inexorable, sans retour, tissant le tissu de chaque existence, le transformant en une histoire unique, marquée par les événements la composant. Le destin des individus est ainsi scellé par leur main, et ce fil inaltérable est ce qui lie chaque individu à son sort.

Les Moires ne se contentent pas de tisser le destin des individus : elles sont aussi la limite, la frontière infranchissable. Elles représentent la ligne de séparation entre ce qui est et ce qui ne peut être, la barrière que nul ne peut franchir. Elles définissent les bornes de l'existence humaine, et au-delà de ces limites, rien ne peut exister, rien ne peut se réaliser. En cela, elles sont la manifestation de la finitude de toute chose, ce qui doit forcément cesser.

Les Moires sont également associées aux Erinyes, leurs soeurs vengeresses, punissant les crimes et imposent le châtiment. Les Erinyes, représentantes de la vengeance divine, suivent les Moires dans leur rôle et leurs actions. Tandis que les Moires tissent et déterminent le destin, les Erinyes interviennent lorsque ce destin est perturbé par des actions mauvaises, et elles viennent punir ceux qui franchissent les limites imposées. En ce sens, les Moires représentent la mort brutale, un châtiment inéluctable s'abattant sur ceux étant jugés coupables de transgresser les lois sacrées du destin. Elles sont également présentes dans les péripéties tragiques de la guerre, des accidents et des maladies, imprimant leur volonté fatale sur les événements échappant au contrôle des hommes. Leurs actions sont impitoyables et elles laissent une marque indélébile sur tout ce qu'elles touchent.

À Rome, les Moires ont été confondues avec les Parques, qui, à l'origine, étaient considérées comme des démons de la naissance. Tandis que les Moires tissent le destin des individus, les Parques ont un rôle similaire, mais leur action se concentre davantage sur le contrôle de la naissance, de la vie et de la mort. Représentées sur le Forum romain, les Parques étaient connues sous le nom de Trois Destinées, et elles symbolisaient la manière dont le fil de la vie des individus était étendu, développé et finalement coupé. Leurs actions étaient considérées comme un aspect essentiel du contrôle divin sur l'ordre du monde, et elles étaient vénérées comme des figures centrales de la mythologie romaine.

Le destin chez les Anciens

«C'est la loi antique, la loi de Cronos [...]. Femme divine, ce qui s'est fait ne peut être révoqué : les Moires, tes fils, ont donné tel destin, au jour même où tu l'enfantas.» (Paroles d'Athéna à une femme dont le fils est devenu aveugle. Callimaque, Hymne pour le bain de Pallas, 100-105).



Dernière mise à jour : Vendredi, le 7 février 2025