Ninourta
Dieu sumérien
Jeune guerrier de grande taille, Ninourta se voit attribuer le rôle de champion des dieux dans une lutte épique pour le pouvoir et la souveraineté céleste.
Ninourta est le fils de Mah, la déesse représentant toutes les formes de vie et de création, et d'Enlil, le dieu souverain des cieux et de la terre. Il est décrit comme étant un jeune dieu d'une grande force physique, impressionnant par sa stature, courageux dans ses actions, et héroïque dans ses choix. Ce caractère digne et audacieux fait de lui un choix naturel pour défendre les intérêts divins et combattre les forces chaotiques menaçant l'équilibre du monde.
Le combat contre Anzu
Lorsque le démon Anzu s'empare des attributs de la souveraineté divine, Enlil se retrouve humilié, dépouillé de son pouvoir. L'ordre naturel et divin du monde est immédiatement perturbé, et l'harmonie céleste se transforme en un chaos désorganisé. Face à cette menace inédite, les dieux se réunissent pour discuter de la manière de reprendre le contrôle, et un champion est nécessaire pour affronter et défaire Anzu. Cependant, les dieux qui sont pressentis pour ce rôle refusent d'entrer dans l'arène.
Mah, la déesse sage et puissante, fait alors appel à son fils Ninourta, le glorieux et valeureux héros. Elle lui confie une mission divine en lui expliquant la stratégie qu'il devra suivre pour réussir. La première étape consiste à dissimuler ses traits majestueux et sa splendeur sous les apparences d'un démon. Ensuite, il devra se plonger dans un brouillard épais, une brume magique, afin que ses flèches, une fois lancées, surprennent son adversaire et atteignent leur cible sans que celle-ci ne puisse se défendre.
Ninourta, obéissant aux ordres de sa mère, gravit courageusement la montagne, entouré des sept vents mauvais envoyés pour l'aider. Il arrive en présence d'Anzu, et la situation semble s'être inversée : le dieu Anzu est enveloppé de ténèbres et de brume, tandis que Ninourta, l'ennemi, brille d'une lumière éclatante, le reflet des tablettes du destin qu'il détient. Il rugit avec la puissance d'un lion et défie le démon en lui lançant une question provocatrice : «Qui es-tu, jeune présomptueux ? Montre ton visage, fais-toi connaître de moi.»
Ninourta répond en donnant les noms des dieux l'ayant envoyé accomplir cette mission divine. Anzu, pris de colère, grince des dents, et dans un instant de rage, il fait tomber une obscurité pesante sur la montagne. Le champion des dieux ne se laisse pas intimider et lance ses flèches avec une grande précision. Mais Anzu, détenteur des tablettes du destin, réagit en criant : "Roseau venant vers moi, retourne à ta cannaie," une incantation puissante faisant revenir les flèches dans la direction opposée, les empêchant de toucher leur cible.
Ninourta, voyant que son attaque a échoué, envoie un messager rapide pour raconter la situation à Enlil. Après avoir entendu les nouvelles, Enlil donne des instructions claires pour surmonter cette difficulté. Il conseille à Ninourta de lancer les sept vents mauvais sur Anzu afin de le capturer dans une tempête violente. L'objectif est d'empêcher le démon de garder son pouvoir en l'empêchant de parler et de contrôler la situation. Une fois que ces conditions sont réunies, Ninourta devra couper les ailes d'Anzu et envoyer ses flèches pour le vaincre définitivement.
Ninourta, bien que tremblant de l'ampleur de la tâche, se lance à l'attaque et agit selon les conseils reçus. «La terreur qu'il inspire effraie même les plus vaillants des combattants. Sa présence dérange Anzu et, dans une éclatante victoire, il lui tranche la gorge,» comme le raconte la suite du mythe. Grâce à cet acte héroïque, les dieux retrouvent leurs pouvoirs légitimes et les tablettes du destin sont rendues à Enlil, rétablissant ainsi l'ordre et la paix.
Le Seigneur du Cuirasse
Ninourta se distingue non seulement comme un champion du bien, mais aussi comme un défenseur de l'ordre contre le chaos, de la civilisation contre les forces sauvages et primitives, et de l'organisation contre les pouvoirs grossiers et aveugles. Dans une autre partie de son parcours, il doit faire face à un autre défi redoutable. Son adversaire est Kur, une montagne cosmique informe et puissante. Cette montagne engendre une armée de pierres vivantes menaçant d'envahir le monde.
Une nouvelle fois, Ninourta s'élance dans la bataille et parvient à vaincre les créatures monstrueuses lancées par Kur, les détruisant une par une. Il fait preuve d'une grande habileté et d'une force inégalée, montrant ainsi son rôle primordial dans la préservation de l'équilibre cosmique.
Ninourta n'est pas seulement un guerrier de légende, il est aussi un dieu faber, un artisan divin capable de transformer la matière brute en instruments de civilisation. Il est celui qui, à partir du minerai, crée le métal et les objets nécessaires à l'élévation de l'humanité et de ses sociétés. À travers ces actes, il incarne le progrès et le développement civilisationnel, s'opposant à la barbarie et à l'anarchie.
Le champion des dieux
"C'est Ninourta, le glorieux, le chéri de Mami, le fort que je vais exalter, le dieu premier-né d'Enlil, progéniture de l'Ôkour, premier des six cents dieux, soutien de l'Eninnou, protecteur des enclos, vigile de la maison, de la rue, de la ville, expert au combat, qui fait tournoyer son écharpe, valeureux, vainqueur d'ennemis féroces, inlassable, dont l'attaque répond à l'effroi, je veux chanter les louanges de sa toute-puissance." (Le Mythe d'Anzu, I).