Niobé
Héroïne grec
La mère jalouse, fière des ses enfants, Niobé va jusqu'à arguer la supériorité de sa descendance par rapport à celle de Léto, la mère des jumeaux Apollon et Artémis. Elle se croit unique et supérieure, au point de provoquer les dieux par son arrogance et son orgueil démesuré. Sa fierté maternelle la conduit à se moquer des mères ayant moins d'enfants qu'elle. Un acte de vanité qui la mènera à sa propre perte, un destin tragique dicté par l'arrogance envers les puissances divines.
Niobé est la fille de Tantale, un roi légendaire, et épouse d'Amphion, roi de Thèbes. Leur mariage est marqué par une heureuse harmonie. Amphion, un homme d'exception, est un artiste et un musicien reconnu. Il tire des sons si magnifiques de sa lyre que les pierres elles-mêmes, fascinées par la beauté des mélodies, se déplacent. Grâce à son art, Amphion est même impliqué dans la construction des imposantes murailles de Thèbes, accomplissant ainsi un exploit divin par l'entremise de son talent musical.
Niobé, quant à elle, est une mère nombreuse et fière de ses enfants. Elle donne naissance à sept fils : Sipylos, Eupinytos, Isménos, Damasichthon, Agénor, Phaedimos et Tantale, ainsi qu'à sept filles : AEthodaea, Cléodoxa, Astyoché, Phthie, Pélopia, Astycratia et Ogygia. Ces enfants sont tous beaux, pleins de vigueur et de vitalité. Niobé, la mère épanouie, contemple ses enfants en pleine floraison. Ils sont l'image même de la jeunesse rayonnante, de la beauté et de la santé. Que pourrait désirer de plus une mère aimante et dévouée ?
Fière de sa progéniture, Niobé, surnommée «aux beaux cheveux», se rend à Delphes, en Grèce, pour exprimer son mépris envers les mères ayant peu d'enfants. Elle se pense supérieure à elles, se jugeant plus digne, et ose afficher haut et fort sa prétendue supériorité. Elle clame : «Léto n'a eu que deux enfants, Apollon et Artémis, tandis que moi, j'en ai eu sept fois plus. Léto n'était qu'une vagabonde, moi, je suis une reine. Léto était pauvre, moi je suis riche et puissante.» Avec arrogance, elle exige qu'on lui rende un culte aussi important que celui de Léto.
La vengeance de Léto
Les paroles hautaines de Niobé, emplies de dédain et de mépris, parviennent aux oreilles de Léto. La déesse, dite «aux belles joues», est fille d'un Titan et est chérie de Zeus. Mère des jumeaux Apollon et Artémis, elle incarne la maternité divine et l'amour des dieux. Léto, malgré son immense puissance et sa beauté, ne peut tolérer ces insultes, et décide de se venger. Elle fait appel à ses enfants pour réparer l'humiliation subie.
Les enfants d'Olympe, Apollon et Artémis, ne tardent pas à descendre du sommet du mont Olympe. Ils se rendent au palais de Niobé, sur terre. Apollon, d'un geste de sa main divine, transperce les sept fils de Niobé de ses flèches mortelles. Artémis, la déesse de la chasse et des animaux sauvages, tue, quant à elle, les sept filles de Niobé avec une précision dévastatrice. Bien que Léto n'ait eu que deux enfants, Apollon et Artémis, leur puissance combinée fait périr tous les enfants de Niobé en un instant. Ce massacre est rapporté dans l'«Iliade» d'Homère, dans l'un des passages les plus dramatiques du poème épique (XXIV, 604).
Niobé, la mère orgueilleuse, voit ses enfants chéris, sur lesquels elle fondait tant d'espoirs, mourir sous ses yeux. La douleur envahissant son coeur est inimaginable, et sa fierté se transforme en angoisse et en tristesse profonde.
Malgré ces pertes tragiques, le châtiment divin ne s'arrête pas là. Zeus, observant l'orgueil de Niobé et son défi lancé aux divinités, décide de la punir plus encore. Il transforme son coeur, devenu aussi dur et froid que la pierre, en un rocher pétrifié. Les corps des enfants, morts dans d'atroces souffrances, restent étendus dans leur sang sans sépulture pendant neuf jours. Niobé, accablée par la douleur et la perte, ne veut plus manger, et plonge dans un profond désespoir.
Au dixième jour, les dieux, voyant que la vengeance est accomplie, prennent pitié de la douleur insupportable de Niobé et procèdent à l'enterrement des cadavres des enfants. Niobé, épuisée par ce deuil, se retire dans le royaume de son père Tantale, sur le mont Sipyle. Là, dans sa souffrance infinie, elle est transformée en une pierre, et ses larmes se transforment en une source inépuisable coulant pour l'éternité.
Le supplice de Niobé
« On m'a raconté la triste fin de cette Phrygienne, la fille de Tantale, au sommet du mont Sipyle. Pareille à une plante grimpante, son corps pétrifié reste figé dans une écorce de pierre, condamnée à l'éternité. Sur sa chair figée par le froid, la pluie et la neige ne cessent de tomber sans relâche. Les larmes de ses yeux, incassables et inépuisables, coulent sans fin, ruisselant sur son cou. Ce fut là son destin funeste, puni par les dieux pour son orgueil. » (Sophocle, Antigone, 822 et suivants)
Ainsi s'achève l'histoire tragique de Niobé, une mère orgueilleuse et arrogante qui, poussée par sa fierté et sa vanité, a défié les puissances divines. En fin de compte, elle a perdu tout ce qu'elle avait de plus cher et a été condamnée à une existence éternelle de souffrance, pleurant sans fin ses enfants disparus.