Parasurama
Héros de l'Inde
Kartavirya, un roi mythique et extrêmement puissant, est réputé pour sa force inégalée, possédant mille bras et un char céleste lui permettant de se déplacer avec une rapidité et une majesté incomparables. Son autorité s'étend bien au-delà de celle d'un simple souverain terrestre, puisqu'il a la capacité d'imposer sa volonté non seulement aux hommes, mais aussi aux dieux, aux rishis (sages) et à toutes les créatures vivantes. Sa puissance et son arrogance lui permettent de se croire au-dessus de toute règle, au point de troubler l'intimité d'Indra, le roi des dieux, et de son épouse, ce qui choque profondément l'ordre divin. Cette intrusion dans les affaires célestes provoque une réunion urgente des dieux, réunissant notamment Vishnu et Indra, pour discuter de la manière dont ils pourraient mettre fin à ce fléau. Ils décident qu'un champion sera nécessaire pour détruire Kartavirya, un roi aussi impudent et arrogant qu'il est puissant, et pour restaurer l'équilibre de l'ordre divin. C'est ainsi qu'ils se lancent dans la recherche d'un héros capable de relever ce défi monumental.
Le roi Gadhi, un personnage respecté, a une fille nommée Satyavati, qui est l'épouse du sage brahmane Rcika. Rcika, homme de grande sagesse, prépare deux bouillies de riz selon un rituel précis : l'une est destinée à sa femme pour qu'elle donne naissance à un brahmane, tandis que l'autre est destinée à sa belle-mère pour qu'elle donne naissance à un ksatriya, un guerrier. Toutefois, une erreur fatale survient lorsqu'un échange accidentel des bols a lieu, ce qui conduit à un renversement des destinées. Ainsi, le fils de Satyavati, la femme du brahmane, reçoit la force d'un ksatriya, tandis que l'autre, destiné à être le fils d'un ksatriya, est doté des dons d'un brahmane. Cette confusion aura des conséquences dramatiques.
Satyavati, bouleversée par ce qui s'apparente à une malédiction, implore que ce destin soit plutôt réservé à son petit-fils. En conséquence, le fils de Satyavati, Jamadagni, devient un brahmane pur et dévoué. Jamadagni épouse Renuka, et de leur union naissent quatre fils, également des brahmanes purs, mais avec une particularité notable : le cinquième, nommé Parasurama, bien qu'étant brahmane, possède la force physique et les compétences d'un ksatriya. Parasurama est un personnage unique, aux capacités extraordinaires, à la fois sage et puissant, mais sa nature guerrière est indéniable.
Renuka, l'épouse fidèle de Jamadagni, incarne l'idéal de la femme brahmane ascète. Un jour, alors qu'elle se trouve près de la rivière, elle aperçoit un prince se divertissant avec ses épouses. Cette scène la fascine, et elle s'attarde à la regarder. Jamadagni, qui perçoit cette faiblesse et cette distraction, devient furieux. Il ordonne à ses fils de punir leur mère pour cet acte de curiosité. Les quatre premiers fils, entièrement dévoués à leur rôle de brahmanes, refusent d'obéir à un ordre aussi sévère et choquant. Leur père, furieux, les maudit de son regard, mais Parasurama, lui, ne montre aucune hésitation. Fidèle à sa nature guerrière, il tranche la tête de sa propre mère, accomplissant ce qui semble être un devoir sacré.
Jamadagni, impressionné par la détermination de son fils, lui propose de choisir ce qu'il désire en récompense. Parasurama, fidèle à son engagement en tant que brahmane, demande la résurrection de sa mère et de ses frères, un acte de piété démontrant la profondeur de ses sentiments malgré son apparente dureté. Il réalise ainsi son désir de rétablir l'harmonie familiale, tout en conservant sa dignité de brahmane.
La destruction de Kartavirya : Le début d'une vengeance
La maison de Jamadagni, grâce à la vache sacrée qui la nourrit et lui procure toutes les richesses matérielles dont il a besoin, brille de splendeur. Cette vache est une source d'abondance inépuisable. Le roi Kartavirya, attiré par cette richesse et la prospérité que lui confère la vache, se rend chez Jamadagni. Il est reçu avec tous les honneurs et le respect qui lui sont dus. Cependant, cette opulence et cette générosité provoquent la jalousie du roi, qui, dans son arrogance, exige que l'on lui donne la vache sacrée. Parasurama, furieux de cette demande insultante, entre dans une rage incontrôlable. Il coupe les mille bras de Kartavirya, les mutilant de manière spectaculaire, puis tue le roi, mettant ainsi fin à sa tyrannie. Ce geste, bien que violent, est perçu comme une réponse à l'orgueil du roi.
Les fils de Kartavirya, dans un accès de colère, vengent la mort de leur père en tuant Jamadagni. Ce meurtre déclenche chez Parasurama une colère dévastatrice et un désir de justice implacable. Il décide alors de débarrasser le monde des ksatriyas, qui, à ses yeux, sont responsables de nombreux maux. En vingt et un combats successifs, il réussit à accomplir cette tâche titanesque, éradiquant les guerriers d'une manière aussi méthodique qu'inflexible.
Après ce massacre sanglant, Parasurama, dans un geste symbolique, verse le sang des victimes dans cinq trous et réalise des cérémonies en l'honneur de ses ancêtres. À ce moment-là, son grand-père lui apparaît en rêve et le réprimande sévèrement pour tant de carnages. En réponse à cette réprimande, Parasurama effectue un sacrifice à Indra, le roi des dieux, pour apaiser les esprits et réparer le mal qu'il a causé. Après cela, il se retire sur le mont Mahendra pour méditer et trouver la paix intérieure.
Le dilemme de Parasurama
Dans la grande épopée du Mahabharata, Parasurama est décrit comme un homme possédant la force physique d'un ksatriya, mais avec l'âme et les idéaux d'un brahmane. Bien que son cour soit marqué par la violence de ses actes, il reste fidèle aux principes des brahmanes : la recherche de la paix intérieure, la maîtrise de soi, et l'acquisition du calme et de la fermeté d'âme. Ce contraste entre ses qualités guerrières et sa nature spirituelle soulève une réflexion profonde sur la manière dont ces deux aspects peuvent coexister en lui, illustrant la complexité du personnage et de ses actions.
Ainsi, la figure de Parasurama devient un symbole de la lutte entre la violence et la spiritualité, de la vengeance et de la rédemption, offrant une méditation profonde sur les choix moraux dans le contexte de l'Inde ancienne.