Tesub
Dieu hourrite
L'oraison de la foudre et du tonnerre. Avec l'avènement de Tesub, aussi nommé Tézub, une nouvelle ère se profile à l'horizon des dieux et des hommes. Sa venue annonce la fin du règne des divinités anciennes et l'instauration d'un ordre nouveau, porteur d'espoirs et de renouveau. Le cycle immémorial des luttes divines cède la place à une nouvelle structure cosmique, dominée par la foudre et le fracas des éléments.
Dieu de l'orage, Tesub incarne la puissance du ciel en colère. Son emblème est le taureau, symbole de force et de fertilité, ainsi que la massue écrasant ses ennemis. On le représente souvent juché sur un boeuf puissant, parcourant les cimes montagneuses, la hache levée dans la main droite et la foudre brandie dans la main gauche. Il est le frère d'Ishtar, la déesse de la guerre et de l'amour, l'époux d'Hebat, la reine des cieux, et le père de Sarruma, jeune dieu destiné à perpétuer sa lignée.
Hebat, souveraine majestueuse, règne au sein d'une cour resplendissante. Autour d'elle gravitent des figures divines de premier plan : Ishtar, maîtresse des passions et des conflits ; Kubaba, vénérée à Karkêmesh ; Ishara, protectrice de la médecine et des serments ; et d'autres déesses liées aux plaisirs, à la fertilité et aux destinées guerrières. Tesub, en tant que maître du ciel, incarne l'essence du roi divin, juste et inébranlable, dispensateur d'ordre et garant de l'harmonie cosmique.
Les Trois Dieux Terribles
Tesub est issu d'une lignée tourmentée, fils de Kumarbi et, selon certaines traditions, d'Anu. Lors du combat entre Kumarbi et Anu pour la suprématie céleste, Kumarbi, dans un geste impie, avala la virilité de son père. De cet acte naquirent trois divinités : Tesub, le redoutable Aranzah, esprit du fleuve Tigre, et Tashmishu, son fidèle compagnon. Lorsque la jeunesse divine se soulève contre le règne oppresseur de Kumarbi, c'est à Tesub que revient la tâche de renverser l'ancien tyran. Il triomphe, s'empare du trône et établit la suprématie des jeunes dieux sur l'univers.
Mais Kumarbi, vaincu, ne renonce pas à sa vengeance. Son esprit tourmenté conçoit un plan funeste : il s'unit à une pierre colossale et engendre Ullikummi, un être de diorite aux proportions gigantesques. Ullikummi grandit sans relâche, gagnant en puissance, rongeant l'espace, écrasant le sol sous son poids. Peu à peu, il atteint les cieux et menace les fondations mêmes de l'ordre divin.
La force tranquille
Face à cette menace inédite, la panique s'empare des dieux. Tesub et Tashmishu se prennent par la main et quittent le temple dans l'espoir de trouver un moyen d'arrêter l'avancée inexorable du monstre. Ishtar descend des cieux, prête à intervenir. Mais lorsque Tesub pose les yeux sur l'être de pierre, une stupeur indicible le saisit. Ses bras lui en tombent. Cependant, il reprend ses esprits et rassemble ses forces. Il invoque l'orage, libère la pluie et le vent, fait jaillir les éclairs du firmament. L'affrontement est titanesque, mais l'impassibilité d'Ullikummi résiste à toutes les tempêtes et les foudres de l'orage divin.
Ullikummi grandit encore. Il fait trembler le ciel et la terre, pousse Hebat à abandonner son temple en ruines et à se réfugier dans le domaine céleste. Il menace l'humanité tout entière, et avec elle, les sacrifices qui nourrissent les dieux. Ishtar tente en vain de le séduire, tandis qu'Ashtabi se prépare à le détruire, sans succès.
Mais Tesub ne renonce pas. Son allié fidèle Ea découvre la faille du colosse et parvient à «lui couper les pieds», le privant ainsi de ses fondations. Tesub descend alors vers la mer, brandissant le tonnerre, et engage un combat incertain. Il lutte avec vaillance, s'accroche avec détermination et, dans un ultime sursaut, remporte la victoire.
Le culte de Tesub se répand dès le début du deuxième millénaire dans les terres de langue hourrite. Ses sanctuaires se dressent dans tout l'empire hourrite, en Babylonie, en Sumer, depuis les côtes syriennes jusqu'à l'Anatolie. Sa figure s'assimile progressivement aux autres dieux de l'orage : Baal chez les Cananéens, Adad chez les Assyriens, et même Hadad chez les Araméens.
Le Dieu des Rois
«Dieu de l'orage Pihassassi, mon seigneur, je n'étais qu'un mortel. Pourtant, mon père était le prêtre de la déesse solaire d'Arinna et de tous les dieux. Mon père m'a engendré, mais toi, dieu de l'orage Pihassassi, tu m'as arraché à ma mère et tu m'as élevé. Tu as fait de moi le prêtre de la déesse solaire d'Arinna et de tous les dieux. Tu m'as donné le pays hittite et tu m'as fait roi.» Prière de Muwatalli, citée dans H.C. Puech, Dictionnaire des religions, tome I, Paris, 1970.