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Tiamat

Déesse Akkadienne

Divinité primordiale, Tiamat incarne les eaux salées s'étendant à l'infini, en opposition à Apsou, les eaux douces et souterraines formant le socle du monde. Tous deux unis, ils représentent les forces originelles de la création, le chaos aqueux d'où naîtront les premiers dieux et, ultimement, l'univers tel que nous le connaissons.

Tiamat est la Mer, insondable et capricieuse. Tantôt paisible, reflétant la tranquillité céleste, tantôt tempétueuse et dévastatrice, elle porte en elle la puissance sauvage et indifférenciée du cosmos primitif. Son époux, Apsou, incarne la stabilité et le repos sur lequel repose la création. De leur union naissent Lakhmou et Lakhamu, puis Anshar et Kishar, donnant naissance à Anu et aux autres grands dieux. Chaque génération divine surpasse la précédente, gagnant en intelligence et en force, préparant l'émergence d'un monde ordonné.

Cependant, l'activité incessante des jeunes dieux trouble la quiétude d'Apsou. Le tumulte de leur effervescence empêche le vieil océan de trouver le repos. Furieux, il déclare : « Insupportable m'est leur conduite ! De jour, je ne puis reposer ; de nuit, je ne puis dormir. Je veux les anéantir afin de mettre un terme à leurs agissements et que règne le silence ! » (Enouma Elish, tablette I, 37-39).

Mais Tiamat, plus patiente, refuse d'adhérer à cette volonté destructrice. Elle protège encore sa descendance, même bruyante. Pourtant, les paroles d'Apsou parviennent aux jeunes dieux et l'un d'eux, Ea, prend l'initiative. Usant de stratagèmes, il surprend Apsou, lui ravit son éclat et le met à mort. Peu après, il engendre Marduk, le plus puissant et le plus sage des dieux.

La Guerre avec les Jeunes Dieux

La mort d'Apsou marque un tournant décisif. Privée de son compagnon, Tiamat, d'abord endeuillée, voit sa douleur se transformer en colère. Manipulée par les anciens dieux, elle change d'attitude et décide de se venger. « Faisons des monstres ! » proclame-t-elle. Dans son courroux, elle engendre des créatures terrifiantes : des serpents à la gueule écarlate et aux crocs dévastateurs, des dragons aux écailles impénétrables, des chiens fous aux yeux ardents. Elle leur confère une puissance divine et leur insuffle une fureur inextinguible.

Elle élève alors Kingu, l'un des plus farouches de ces êtres, le plaçant à la tête de son armée. Dans un acte symbolique de suprématie, elle le fait son époux et lui remet la tablette des destins, lui conférant le pouvoir de régner sur le sort de l'univers.

Face à cette menace, les jeunes dieux cherchent un champion capable de les sauver. Marduk, fort de son ascendance divine et de sa puissance naissante, est choisi. Il accepte le combat, mais impose une condition : qu'on lui accorde la souveraineté absolue sur les dieux s'il triomphe. En assemblée, tous acquiescent et lui confèrent leur pleine autorité.

Marduk se prépare au combat. Armé des vents primordiaux, structurant l'espace et le temps, il monte sur son char et affronte Tiamat. Lorsqu'elle ouvre sa gueule immense pour le dévorer, il lui envoie un vent mauvais l'empêchant de refermer ses mâchoires. Saisissant cette opportunité, il tire une flèche perçant son ventre, transperce son coeur et met fin à son existence. Les monstres qu'elle avait créés se dispersent, terrassés par la perte de leur créatrice. Kingu, déchu, est fait prisonnier et déchu de la tablette des destins.

La Défaite de Tiamat

« Il assura sa prise sur les dieux prisonniers et revint à Tiamat qu'il avait vaincue. Le Seigneur mit alors le pied sur la croupe de Tiamat, de sa harpe inexorable, il lui fendit le crâne, il lui trancha les veines, et le vent du Nord chassa le sang dans le lointain. » (Enouma Elish, IV, 127-133).

Mais Marduk ne se contente pas de la destruction. Il transforme le corps de Tiamat pour façonner le monde. Il la déchire en deux, à la manière d'un poisson sacrifié. De l'une des moitiés, il façonne la voûte céleste et lui ordonne de contenir les eaux. De l'autre, il crée la terre ferme, y modelant montagnes et vallées. « Il place la tête et sur elle accumule une montagne ; des sources y sont ouvertes, l'eau vive s'y écoule. Dans ses yeux, il ouvre l'Euphrate et le Tigre, ses narines sont bouchées, il en fait des réserves d'eau. Sur ses seins, il accumule les montagnes lointaines » (Enouma Elish, tablette V).

Ainsi, du chaos et de la guerre naît l'ordre. L'univers se structure selon les lois imposées par Marduk. Mais, au-delà de cette victoire, Tiamat demeure présente, non plus comme une entité belliqueuse, mais comme l'élément fondamental de la création. La mer qui entoure le monde, les rivières le parcourant, les vents soufflant en sont les ultimes échos. Tiamat, bien que défaite, subsiste sous une autre forme, témoignant du cycle perpétuel du chaos et de l'ordre, de la destruction et de la renaissance.



Dernière mise à jour : Vendredi, le 7 février 2025