Tlaloc
Dieu aztèque
Dieu des paysans, Tlaloc est celui faisant tomber la pluie, celle nourrissant et revitalisant les sols. Tlaloc est représenté comme un homme peint en noir. Il a de grands yeux ronds entourés de cercles qui ressemblent souvent à des serpents, et il porte de longs crocs le rendant semblable à Chac, le dieu maya de la pluie. Il est couronné d'un chapeau ressemblant à un éventail. Près de lui, on trouve un instrument aratoire, symbole de la terre, et une hache représentant l'éclair. Tlaloc est omniprésent, et il est associé aux quatre points cardinaux, comme une divinité incontournable.
Tlaloc est accompagné de deux compagnes : Uixtociuatl, la déesse des Eaux salées et de la Mer, et Chalchiutlicue, "Celle ayant une jupe de pierres précieuses", la déesse des Eaux douces. Chalchiutlicue est l'incarnation de la beauté et de l'ardeur de la jeunesse, apportant fertilité et énergie.
En tant que dieu de la pluie, Tlaloc est considéré comme l'égal de Huitzilopochtli, le dieu du Soleil, et est aussi essentiel à la fertilité de la Terre. Ils ont chacun leurs sanctuaires sur le grand temple de Mexico, celui du Soleil étant peint en blanc et rouge, tandis que celui de la Pluie est en blanc et bleu. Leurs grands prêtres jouissent du même rang et des mêmes honneurs, soulignant leur statut égal.
Tlaloc réside au sommet des montagnes, entouré de nombreux petits dieux, les Tlaloques. Sous ses ordres, ces divinités inférieures distribuent la pluie nourrissant les plantes ou provoquent l'ouragan pouvant détruire les cultures. La dualité de Tlaloc se manifeste dans son pouvoir de nourrir ou de détruire, selon son humeur.
La Culture
Les prières adressées à Tlaloc sont empreintes de dévotion et de soumission. Ses décisions, une fois prises, sont inaltérables, et le peuple se soumet à sa volonté, l'acceptant comme une bénédiction, quelle qu'elle soit. «O mon seigneur, prince sorcier, c'est toi véritablement qui appartiens le maïs», selon Bernardino de Sahagún dans son «Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne» (Codex de Florence, t. III, p. 208).
L'importance de Tlaloc est évidente dans le grand nombre de cérémonies qui lui étaient dédiées tout au long de l'année. À certains moments, ses prêtres se baignaient dans les lagunes, poussant des cris imitant ceux des animaux aquatiques, tout en agitant des cloches pour provoquer le brouillard. En d'autres occasions, ils fabriquaient de petites idoles en pâte d'amarante, les "tuant" symboliquement avant de les manger. Dans des moments plus sombres, des sacrifices humains étaient pratiqués, notamment la noyade d'enfants, considérés comme les biens les plus précieux d'un peuple, afin de s'attirer la faveur divine.
Tlaloc est un dieu ambivalent : il est remercié pour ses bienfaits et redouté pour sa colère. Il est capable de donner la mort par la foudre, la noyade, ou des maladies liées à l'eau. Mais, contrairement à d'autres divinités, ses victimes ne sont pas perdues à jamais. Elles sont enterrées avec un morceau de bois sec, et, dans son paradis, le Tlalocan, elles connaissent une existence éternelle, réincarnées en un lieu de verdure et de fruits. Le bois sec qu'elles ont emporté reprend vie, se couvrant de feuilles et de fleurs, illustrant ainsi le cycle de la vie, de la mort, et de la renaissance.
Les Paroles des Tlaloques
Il était dit que les dieux Tlaloques avaient envoyé l'âme du noyé au paradis terrestre. En conséquence, le corps du défunt était transporté sur une litière avec une grande vénération, pour être enterré dans l'un des oratoires dédiés, appelés "ayauhcalco". Cette litière était décorée de roseaux, et la flûte résonnait en hommage au défunt. Les rituels étaient marqués par des signes de respect et de profond recueillement envers la divinité de la pluie et des éléments aquatiques. (Bernardino de Sahagún, «Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne», Mexico, 1938, t. III, p. 198).