Varuna
Dieu de l'Inde
Souverain et magicien, Varuna règne avec une autorité absolue sur l'univers, les divinités et les hommes. Son pouvoir s'étend bien au-delà des limites visibles, embrassant les lois cosmiques et les règles de l'existence.
L'un des plus grands dieux védiques, Varuna est intimement lié à Mitra pour assurer la souveraineté du monde. Varuna en incarne la rigueur inébranlable, la loi inexorable imposant l'ordre et la stabilité, tandis que Mitra personnifie la bienveillance et l'harmonie.
On le dépeint souvent tenant une corde à la main, symbole de son pouvoir de lier, de capturer et de délimiter. Cette corde mystique incarne son autorité infaillible, car il est le maître des noeuds enserrant le destin des êtres. Son animal préféré est la tortue, évoquant la persistance, la solidité et la force tranquille.
Varuna a imposé ses limites au ciel et à la terre, établi l'air au-dessus des forêts, sculpté le sommet des montagnes, conféré le lait aux vaches et insufflé l'intelligence dans les coeurs. Il a assigné sa place au feu dans les eaux, tracé la route du soleil dans le ciel et déposé le soma sur les hauteurs. Il commande à la pluie, dirige le flux des rivières et assure la fertilité des champs comme celle des hommes.
Ses pouvoirs
Varuna est le gardien du Rta, la loi cosmique qui régit l'univers dans son ordre immuable. Il veille à son respect, garantissant l'équilibre et l'harmonie du monde. Le Rta n'est pas simplement un principe abstrait, mais une force active imposant à tous - dieux, hommes et éléments - une structure fondamentale.
Le Rta est aussi l'essence des rites sacrés, et Varuna en est l'observateur vigilant. Tandis que les autres dieux se nourrissent des offrandes rituelles conformes aux prescriptions, Varuna recueille ce qui s'en écarte et sanctionne les manquements. Il est le juge suprême, celui distinguant le juste de l'erroné, la pureté de la souillure. Ainsi, s'il incarne la souveraineté spirituelle, Indra, son pendant, détient la souveraineté temporelle et guerrière.
Varuna réside au sommet du ciel. Sa couleur est le noir, et on lui offre des grains d'orge sombres ou des animaux ébènes. La nuit et les eaux sont son royaume, et les étoiles sont ses innombrables yeux qui scrutent sans relâche le monde des hommes. Son regard perçant discerne les fautes plus que les vertus, veillant à ce que nul ne déroge aux lois immuables du cosmos.
Maître de la maya, la puissance d'illusion et de transformation, Varuna peut modeler la réalité à sa guise. La maya est un pouvoir mystique transcendant les perceptions humaines, créant des illusions, des prodiges et des mirages. Elle peut engendrer la panique au sein des armées, inspirer la folie aux pêcheurs et bouleverser l'ordre naturel des choses. Cet art de la transformation et de l'enchantement fait de Varuna un thaumaturge redouté et un sorcier sans égal.
Le Bien et le Mal
Coléreux, impitoyable et parfois destructeur, Varuna est à l'origine des tremblements de terre et des épidémies. Il déchaîne les calamites sur ceux osant transgresser l'ordre du monde. Son courroux est inexorable, et nul ne peut espérer fléchir sa volonté. Il est le dispensateur du Mal, qu'il répand sur la terre pour maintenir l'équilibre cosmique. Son nom inspire la crainte, car il incarne la justice inébranlable et la punition divine.
Cependant, s'il délivre le Mal, il détient également le pouvoir de guérir et de réparer. Varuna est le détenteur des remèdes et des bénédictions. Il peut accorder la paix, la prospérité et la rédemption à ceux le vénérant avec sincérité. Il délivre du malheur et apporte la guérison aux affligés. Son pouvoir est ambivalent : s'il frappe, il sait aussi réparer, s'il châtie, il peut absoudre.
La substance de l'Être
«Le logis aux multiples chambres de notre être, contenu en Varuna, doit être ordonné par Mitra dans la juste harmonie de son utilité et de son équipement [...]. Mitra est l'harmoniseur, le constructeur, la lumière qui constitue cette juste unité dont Varuna est la substance et la périphérie qui infiniment s'élargit.» (Shri Aurobindo, Hymns of the Atris, Arya, décembre 1916).