Vesta
Déesse Romaine
Le sanctuaire de Vesta est le coeur battant de la Ville, un espace sacral où brûle perpétuellement une flamme que nul ne doit laisser s'éteindre. Cette flamme, symbole de la permanence et de la protection divine sur Rome, est entretenue avec une dévotion sans faille.
Déesse archaïque et mystérieuse, Vesta se distingue par le culte particulier lui étant rendu. Contrairement aux autres temples du Forum, le sien arbore une forme circulaire, évocatrice des huttes primitives des premiers habitants du Latium. Cette architecture rappelle l'ancien foyer familial, renforçant ainsi le rôle fondamental de Vesta dans la perpétuité de la communauté romaine.
Son temple, l'Aedes Vestae, n'est desservi que par des vierges dévouées, les Vestales, choisies parmi les plus nobles familles de la Ville dès leur plus jeune âge. Sous l'autorité du Grand Pontife, elles jouissent d'un prestige inégalé, honorées par tous, mais elles vivent aussi sous une discipline stricte. Le moindre manquement à leur devoir de chasteté entraîne une sanction implacable : l'emmurement vivant près de la porte Colline, un supplice effroyable, reflet de l'exigence absolue entourant leur mission sacrée.
Le sanctuaire et ses trésors mystiques
L'Aedes Vestae ne se limite pas à son feu éternel. Il abrite des reliques insignes scellant la destinnée de Rome : le Palladium, une idole mystérieuse dont l'origine se perd dans les brumes de la légende, liée à la protection de la cité ; le sceptre du roi Priam, souvenir de l'héritage troyen des Romains ; un phallus symbolisant la fécondité et la continuité de la race ; enfin, les Pénates, ces divinités doméstiques veillant sur les foyers romains et, par extension, sur la prospérité de la Ville toute entière.
Le temple, dans sa symbolique, représente le foyer familial agrandi à l'échelle de l'Urbs. Rome elle-même est perçue comme une immense maison où chaque citoyen trouve protection sous la tutelle bienveillante de Vesta. C'est ce qu'exprime Cicéron dans De Legibus (II, 29), soulignant que la cité toute entière repose sur les principes de la piété domestique transposés dans la sphère publique.
Le feu éternel et les festivités
Le feu sacral est entretenu sans interruption tout au long de l'année, car son extinction serait perçue comme un funeste présage. Il est cependant ranimé chaque année lors des Vestaîlia, célébrés le 1er mars. Ce jour-là, une procédure rigoureuse est suivie : on ne doit obtenir la nouvelle flamme que par le frottement de deux morceaux de bois, un acte rituel symbolisant la pureté et le renouveau perpétuel de Rome.
Lors de ces fêtes, l'âne, animal associé à Vesta, est honoré. Selon la tradition, c'est lui qui, par son braiment, aurait autrefois sauvé la déesse d'une attaque sournoise de Priape, garantissant ainsi sa virginité inviolée. Ce lien symbolique est rappelé chaque année par des ornements et des offrandes dédiés à cet animal modeste mais protecteur.
Adresse à Vesta pour Auguste, jeune héritier
Dieux de notre passé, Romulus, toi Vesta, reine du Tibre
étrusque et du mont Palatin, souffrez du moins, souffrez que
ce jeune héros soutienne un siècle qui s'effondre.
(Virgile, Les Géorgiques, I, 498-502.)