Zanahary
Dieu suprême des Malgaches
Il est Zanahary, Dieu créateur, celui façonnant et modèle avec une puissance divine les pieds et les mains de ses créatures. Il est aussi Raïlanitra, Père du Ciel, une entité divine redoutée et vénérée dans le monde spirituel. Il est décrit comme une divinité imposante, d'une grandeur et d'une majesté inégalées, capable de créer et de contrôler les éléments avec une volonté qui dépasse la compréhension humaine. Sa parole est comparable à la foudre, d'une force dévastatrice, et au tonnerre, dont le bruit résonne dans les cieux, mettant en évidence sa puissance et son autorité. Cependant, malgré cette puissance incommensurable, il est souvent victime de la ruse et de l'illusion, se laissant parfois tromper par son double, l'entité du monde inférieur, le Zanahary d'en bas, qui agit dans l'ombre, en toute discrétion et malice, exploitant ses faiblesses et ses imperfections.
La création
Au commencement, il n'y avait pas un mais deux Zanahary, chacun représentant un aspect différent de la divinité suprême. L'un était celui d'en haut, Andriamanitra, une entité pure et parfaite, toute-puissante et toute-sachante, et l'autre était celui d'en bas, une incarnation terrestre et plus terre-à-terre de cette puissance divine. Le Zanahary d'en bas, dans un geste de créativité et d'imagination, façonna des figurines d'argile représentant des hommes, des femmes et des animaux. Il chercha à donner vie à ces créations, mais il se rendit vite compte qu'il n'était pas capable de leur insuffler l'âme nécessaire à leur existence. Cette incapacité à donner vie à ses oeuvres l'amena à chercher une aide supérieure. Ce fut alors que le Zanahary d'en haut, Andriamanitra, voyant l'initiative de son double, lui proposa un échange : si ce dernier lui donnait certaines de ces figurines en échange de la lumière du soleil, il lui permettrait d'accomplir ce que ses créations avaient jusque-là échoué à réaliser.
Dans une tentative d'arrangement, le Zanahary d'en bas proposa des poissons en échange des statuettes, pensant que la vie de ces créatures maritimes suffirait à satisfaire la demande du Zanahary d'en haut. Cependant, ce dernier n'était pas intéressé par les poissons, mais par des femmes, symboles de reproduction, de fertilité et de continuité de la vie. Après un certain temps de discussions et de négociations, un accord fut trouvé : le Zanahary d'en haut insufflerait la vie dans les statuettes d'argile, mais en échange, le Zanahary d'en bas devrait se séparer de certaines de ses créations, en particulier les femmes. Toutefois, le Zanahary d'en bas, désormais profondément attaché à ses créations féminines, refusa de les laisser partir, par désir et par besoin de possession. Cette querelle naquit alors entre les deux entités, déclenchant une rupture qui bouleversa l'équilibre du monde spirituel et céleste. Les mondes d'en haut et d'en bas furent ainsi séparés, et la division entre ces deux sphères sacrées fut scellée à jamais.
L'origine de la polygamie
En réponse à l'accord trouvé entre les deux Zanahary, le Zanahary d'en haut remit aux hommes des statuettes de terre, leur ordonnant d'agir selon ses instructions : « Remuez-les, elles prendront vie et deviendront vos compagnes. » Les hommes, intrigués par ces statuettes animées, commencèrent à les manipuler et à interagir avec elles. Ceux qui eurent l'occasion de remuer plusieurs statuettes à la fois finirent par adopter une pratique nouvelle : la polygamie, un acte symbolique de prise en charge de plusieurs épouses à la fois, chacune étant une figurine animée par la volonté divine. Les statuettes, qui auparavant n'étaient que de simples objets inanimés, devenaient des épouses vivantes, portées à la vie par le souffle divin et l'énergie spirituelle insufflée par le Zanahary d'en haut. Cette transformation radicale des statuettes d'argile en femmes vivantes marqua un tournant dans l'histoire de l'humanité, introduisant une nouvelle norme sociale et religieuse qui allait définir les relations humaines pour les siècles à venir.
Les hommes adoptant cette nouvelle pratique devinrent polygames, prenant plusieurs femmes dans le cadre de leur vie quotidienne. Ce changement dans les pratiques sociales, introduit par les statuettes animées, fit naître un équilibre entre le sacré et le quotidien, entre la vie divine et la vie terrestre. Cette évolution marqua la naissance d'une tradition durable, celle de considérer les femmes comme des compagnes, mais aussi comme des éléments essentiels à la continuité de l'humanité et de la civilisation. Les statuettes, d'abord simplement des représentations de l'humain, devinrent des êtres vivants, des entités à part entière, et leur manipulation devint un acte sacré, guidé par la volonté des dieux. Dès lors, l'échange entre les hommes et les divinités ne se limita plus à un simple échange matériel mais s'inscrivit dans une dynamique spirituelle profonde, où chaque geste, chaque mouvement avait un sens et une signification sacrée. Ainsi, l'acte de donner vie aux statuettes, tout en remuant et en les manipulant, symbolisait l'harmonisation des mondes célestes et terrestres, ancrant profondément la relation entre les hommes, les femmes et les divinités dans l'histoire mythologique et culturelle des Malgaches.