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Fiche
Nom : Abelisaurus
Signification du nom : «Lézard d'Abel» (dédié au paléontologue Roberto Abel)
Classification  : Ordre : Saurischia
Famille : Abelisauridae
Époque : Crétacé supérieur (83,6 à 66 millions d'années)
Habitat : Régions semi-arides et boisées d'Amérique du Sud
Taille adulte : Environ 7 à 9 mètres (23 à 30 pieds) de longueur, hauteur au bassin inconnue
Poids estimé : Entre 1 et 3 tonnes
Répartition : Argentine, formation de Río Colorado
Régime alimentaire : Carnivore, prédateur de dinosaures herbivores
Date de découverte : 1980 (décrit en 1985 par José Bonaparte et Fernando Novas)

Abelisaurus

Abelisaurus est un dinosaure théropode dont la connaissance repose sur un unique fossile : un crâne partiel découvert en 1980 en Patagonie, dans la formation d'Allen, en Argentine. Ce crâne, bien que fragmentaire, révèle des particularités fascinantes sur la structure et les capacités de cet animal. Il est relativement court et se distingue par la présence d'un important espace creux au-dessus des mâchoires. Cette caractéristique permettait probablement d'alléger la structure osseuse tout en assurant une bonne résistance mécanique. Avec une longueur d'environ 80 cm, ce crâne possédait une mâchoire bien adaptée à la prédation. Abelisaurus devait être capable de planter ses dents acérées dans la chair de ses proies et d'arracher des morceaux en effectuant un mouvement rapide de bascule de la tête vers l'arrière.

En ce qui concerne la puissance de morsure, les Abelisauridés, famille à laquelle appartient Abelisaurus, présentent une force estimée à environ 200 kg (440 livres) de pression par dent. Cette puissance est comparable à celle des Allosauridés, mais reste nettement inférieure à celle des Tyrannosauridés, notamment Tyrannosaurus rex, dont la morsure était environ six fois plus puissante. Des études menées en 2001 et 2018 ont confirmé ces différences de puissance, suggérant des stratégies de chasse distinctes entre ces grands prédateurs.

Une peau ornée et résistante

Les restes de peau fossilisée de plusieurs représentants de la famille des Cératosaures, à laquelle appartiennent les Abelisauridés, ont été examinés en 2018. Les fragments attribués à Abelisaurus révèlent une texture variée, avec des rugosités et des écailles de tailles différentes. Les côtés du crâne étaient vraisemblablement recouverts de larges écailles protectrices, tandis que la partie supérieure du museau, au niveau de l'os nasal, affichait une surface extrêmement rugueuse. Cette zone était parsemée de petits lobules osseux, indiquant une peau épaissie et partiellement ossifiée.

Ces caractéristiques suggèrent que les Abelisauridés possédaient une tête dénuée de plumes ou de filaments, contrairement à certains autres théropodes. À la place, leur peau était fortement structurée et probablement utilisée à des fins de communication entre individus. Il est possible que ces dinosaures aient développé des comportements sociaux impliquant des interactions visuelles, où la texture et les reliefs du crâne pouvaient jouer un rôle distinctif. De plus, certaines hypothèses suggèrent qu'Abelisaurus pouvait pratiquer des combats en donnant des coups de tête à faible vitesse, à l'image de l'iguane marin des Galápagos, ou en frappant ses rivaux sur les flancs, une stratégie similaire à celle des girafes actuelles lorsqu'elles s'affrontent.

Un dinosaure appartenant à une vaste lignée

L'étude du crâne d'Abelisaurus a permis de mieux comprendre ses relations de parenté avec d'autres membres de sa famille. Il est étroitement apparenté aux Abelisauridés, qui se divisent en plusieurs groupes, notamment les Majungasaurinae (incluant Majungasaurus) et les Brachyrostra (regroupant des espèces comme Carnotaurus). Grâce à ces comparaisons, les paléontologues ont pu reconstituer une image approximative du corps d'Abelisaurus.

Comme Tyrannosaurus rex, Abelisaurus possédait des membres antérieurs extrêmement réduits, situés haut sur le corps et sans réelle capacité de préhension. Ces pattes avant atrophiées étaient donc inutiles pour capturer des proies, ce qui obligeait le dinosaure à compter sur d'autres atouts pour la chasse. Ses membres postérieurs, en revanche, étaient puissants et bien musclés, conférant à l'animal une vitesse et une agilité adaptées à la poursuite de proies.

Une domination dans l'hémisphère sud

Durant le Crétacé supérieur, les Abelisauridés ont prospéré sur les continents méridionaux, formant un groupe de prédateurs dominants dans l'hémisphère sud. Pendant cette même période, les Tyrannosauridés régnaient sur l'hémisphère nord. Cependant, la distribution géographique des Abelisauridés ne se limite pas à l'Amérique du Sud. Des fossiles appartenant à cette famille ont également été retrouvés en Afrique, en Inde et même en Europe. Par exemple, Arcovenator est un représentant européen de cette lignée, tandis que Rajasaurus a été identifié en Inde. Ces découvertes s'expliquent par la configuration des continents au Mésozoïque, une époque où ces terres étaient encore reliées.

Taxonomie et débats scientifiques

À ce jour, une seule espèce est officiellement attribuée au genre Abelisaurus : Abelisaurus comahuensis, décrite pour la première fois en 1985 par les paléontologues argentins José Bonaparte et Fernando Novas. Cependant, la classification exacte d'Abelisaurus fait encore débat. Certains chercheurs ont suggéré que Abelisaurus comahuensis pourrait être synonyme d'Aucasaurus garridoi, un autre Abelisauridé découvert dans la même formation géologique. Cette hypothèse repose sur les similitudes entre les deux spécimens, mais elle n'a pas encore fait l'unanimité au sein de la communauté scientifique.

Ainsi, bien que seul un crâne ait été découvert, Abelisaurus occupe une place importante dans l'histoire des dinosaures carnivores. Il illustre la diversité des Abelisauridés et leur rôle de prédateurs dominants dans l'hémisphère sud au Crétacé. Futurement, de nouvelles découvertes pourraient permettre de mieux comprendre cet impressionnant dinosaure et d'affiner sa classification au sein de l'arbre généalogique des théropodes.




Dernière mise à jour : Vendredi, le 7 février 2025