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Fiche
Nom : Concorde
Auteur : Aérospatiale / British Aircraft Corporation
Vitesse : 2400 km/h
Altitude maximale : 18 km
Nombre de passager : 100
Date de conception : 1967

Concorde

Le Concorde est un avion de ligne supersonique révolutionnaire, conçu dans le cadre d'une collaboration franco-britannique entre Aérospatiale et British Aircraft Corporation. Il est capable d'atteindre une vitesse de croisière de plus de Mach 2, soit environ 2 400 km/h, réduisant considérablement le temps de trajet sur les liaisons transatlantiques. Grâce à sa technologie avancée et à son aérodynamisme exceptionnel, il permettait de relier Paris ou Londres à New York en un peu plus de trois heures, contre environ huit heures pour un avion subsonique classique. Véritable prouesse d'ingénierie, il restera dans l'histoire comme l'un des symboles les plus marquants de l'âge d'or de l'aviation commerciale.

En 2001, un billet pour un vol à bord du Concorde à destination de New York coûtait environ 8 000 euros, un tarif reflétant l'exclusivité et la rapidité du voyage supersonique. Chaque vol pouvait accueillir jusqu'à 100 passagers, bénéficiant d'un service haut de gamme assuré par un équipage composé généralement d'un commandant de bord, d'un copilote, d'un ingénieur de vol et de six membres du personnel navigant commercial.

En moyenne, la liaison Air France entre Paris et New York transportait près de 50 000 passagers par an, attirant une clientèle d'affaires et de prestige séduite par la possibilité de traverser l'Atlantique en un peu plus de trois heures. Sur une période de quatorze ans d'exploitation, ce sont ainsi environ 720 000 voyageurs ayant pris place à bord de l'illustre appareil, symbolisant une époque où la vitesse et l'élégance redéfinissaient les standards du transport aérien de luxe.

Les débuts du Concorde

Le 21 janvier 1976 marque une étape historique dans l'aviation civile avec l'ouverture des deux premières lignes commerciales du Concorde. British Airways inaugure la liaison entre Londres et Bahreïn, tandis qu'Air France lance son vol reliant Paris à Rio de Janeiro. Ce moment symbolique consacre l'entrée en service du premier avion supersonique destiné au transport de passagers, un exploit technologique fascinant autant les passionnés d'aéronautique que le grand public.

Dès ses premiers vols, le Concorde suscite une admiration mondiale. Son design raffiné, sa silhouette élancée et ses performances inégalées en font une véritable icône du ciel. Capable de franchir l'Atlantique à une vitesse de croisière de Mach 2, il promet de relier les continents en un temps record. Cette prouesse technologique alimente les rêves de nombreux voyageurs, s'imaginant déjà traverser l'océan à plus de 2 000 km/h, profitant du confort et du prestige d'un vol à bord de cet avion révolutionnaire.

Une lutte acharnée pour les liaisons régulières du Concorde

Bien que le Concorde soit une prouesse technologique admirée à travers le monde, son entrée en service commercial ne s'est pas faite sans obstacles. Si son design futuriste et sa vitesse supersonique suscitent l'admiration, ils provoquent également des réticences, notamment en raison des nuisances sonores et des préoccupations environnementales. Plusieurs pays refusent d'accueillir cet avion d'exception dans leurs aéroports, mettant en péril ses ambitions de desservir les principales métropoles mondiales.

Dans ses premières années d'essais, le Concorde semble pourtant prêt à conquérir la planète. Le 25 mai 1971, le prototype 001 effectue son premier vol intercontinental en quittant l'Europe pour rejoindre Dakar. Quatre mois plus tard, il entreprend un périple en Amérique du Sud, survolant le Cap-Vert, Cayenne, São Paulo et Rio de Janeiro. Pendant ce temps, le prototype 002 s'élance en 1972 pour un tour du monde à l'est, parcourant la Grèce, l'Iran, Bahreïn, l'Inde, la Thaïlande, Singapour, l'Australie et le Japon. Ces voyages ne sont pas sans péripéties : à Athènes, l'état de la piste provoque de violentes secousses, au point que le pilote en perd son casque de radio. À Bombay, une foule dense de milliers de curieux se presse sur les abords de la piste, forçant l'équipage à une approche des plus prudentes. En 1973, le prototype 002 poursuit ses explorations en volant jusqu'à Johannesburg, en Afrique du Sud, afin de tester son comportement dans des conditions de forte chaleur. De leur côté, les appareils de préproduction ne sont pas en reste. L'un d'eux, le 102, s'élance de Toulouse pour un vol expérimental vers l'Islande, simulant la distance entre Paris et New York. L'un des moments les plus marquants survient le 20 septembre 1973, lorsque Concorde touche pour la première fois le sol américain en atterrissant à l'aéroport de Dallas-Fort Worth.

En février 1975, une nouvelle étape cruciale se profile. British Airways et Air France soumettent une demande officielle à la Federal Aviation Administration (FAA) afin d'obtenir l'autorisation d'opérer des vols vers les aéroports de New York-JFK et Washington-Dulles dès 1976. Elles envisagent un service limité à trois rotations quotidiennes : deux pour New York et une pour Washington. Mais aux États-Unis, l'opposition se fait entendre. Des débats houleux éclatent autour des nuisances sonores et de l'impact environnemental du Concorde. Le secrétaire d'État aux Transports, William Coleman, met en place des auditions publiques, qui s'étendent jusqu'en janvier 1976.

Malgré ces tensions, Concorde marque un tournant historique le 21 janvier 1976, avec l'ouverture de ses premières liaisons commerciales régulières : Londres-Bahreïn pour British Airways et Paris-Rio de Janeiro pour Air France. En février de la même année, William Coleman autorise un essai de 16 mois pour les vols vers les États-Unis. Chaque compagnie pourra opérer deux vols quotidiens vers New York et un vers Washington, mais avec des conditions strictes : les vols devront se limiter aux créneaux horaires de 7 h à 22 h et maintenir une vitesse subsonique au-dessus du territoire américain. Washington accueille ses premiers Concorde le 24 mai 1976, mais New York reste un bastion de résistance. L'autorité portuaire de la ville interdit l'accès de l'avion à JFK, déclenchant une bataille juridique intense impliquant les gouvernements français et britannique. Après de longues négociations et des décisions judiciaires cruciales, la situation se débloque enfin : le 22 novembre 1977, le Concorde reçoit l'autorisation d'atterrir à New York. Il faudra attendre encore deux ans, jusqu'en 1979, pour qu'une autorisation définitive soit accordée pour l'ensemble du territoire américain.

L'arrivée de Concorde aux États-Unis ouvre la voie à une brève tentative d'exploitation par une compagnie locale. En janvier 1979, la société texane Braniff International Airways met en place une liaison Dallas-Washington-Londres/Paris en partenariat avec British Airways et Air France. Toutefois, malgré le prestige de l'appareil, le service peine à attirer suffisamment de passagers pour couvrir les coûts d'exploitation. Après seulement 16 mois d'activité, Braniff met fin à son aventure supersonique en mai 1980, illustrant une fois de plus les défis commerciaux et économiques d'un avion aussi révolutionnaire que le Concorde.

Un défi commercial crucial pour le Concorde

Alors que la bataille judiciaire pour l'atterrissage du Concorde à New York fait rage, les compagnies British Airways et Air France cherchent à élargir leur réseau de destinations long-courriers. Le défi est de taille : de nombreux pays restent réticents à accueillir l'avion supersonique, principalement pour des raisons environnementales, mais aussi en raison du coût élevé de son exploitation.

Dès 1976, des vols commerciaux sont mis en place vers Bahreïn, mais ces trajets restent limités par les contraintes de vitesse imposées au-dessus des territoires survolés. Le Concorde doit ainsi voler à vitesse subsonique pendant une grande partie du voyage, ce qui réduit considérablement son avantage en termes de gain de temps.

Le 26 octobre 1977, British Airways parvient à un accord avec Singapore Airlines, une étape majeure qui semble prometteuse pour l'avenir du Concorde en Asie. Le projet est ambitieux : un service trihebdomadaire entre Londres et Singapour, avec une escale à Bahreïn. Le premier vol a lieu le 9 décembre 1977, et suscite un grand engouement parmi les passagers de prestige et les passionnés d'aviation. Toutefois, ce succès est de courte durée. En raison de la baisse progressive de la demande et des coûts d'exploitation élevés, la liaison est arrêtée le 1er novembre 1980. L'exploitation du Concorde sur cette route entraînait une perte annuelle d'environ deux millions de livres pour British Airways, un chiffre insoutenable sur le long terme.

Malgré ces obstacles, British Airways continue d'exploiter des vols Concorde vers plusieurs grandes villes internationales. Parmi elles, New York reste la destination phare, mais d'autres liaisons sont également mises en place vers Washington, Miami, Toronto, la Barbade, Singapour et Bahreïn. Ces itinéraires permettent à l'avion supersonique de maintenir une activité régulière, bien que la rentabilité ne soit jamais pleinement assurée.

Du côté d'Air France, la stratégie est similaire. Jusqu'en 1982, la compagnie propose des liaisons régulières vers Rio de Janeiro (via une escale à Dakar), Caracas, Mexico, Washington et bien sûr New York. Cependant, ces vols peinent à remplir les avions de manière rentable. En 1983, Air France se voit contrainte de réduire considérablement ses opérations supersoniques. Désormais, les vols Concorde se limitent à quelques itinéraires spéciaux ainsi qu'à des tours du monde organisés pour une clientèle très fortunée.

Au fil des années, la demande pour le Concorde ne cesse de s'amenuiser. L'attrait du voyage supersonique est indéniable, mais il ne parvient pas à compenser les coûts astronomiques liés à l'exploitation de l'appareil. Le Concorde devient alors un produit de niche, prisé par les élites, mais incapable de s'imposer sur le marché du transport aérien de masse.

Finalement, la fin des vols réguliers devient inévitable. British Airways met un terme à ses opérations Concorde entre Washington et Londres le 8 novembre 1994. Quant à la liaison New York-Londres, elle perdure jusqu'au 31 octobre 2003, date du dernier vol supersonique de la compagnie britannique. Du côté d'Air France, le dernier vol entre New York et Paris a lieu le 31 mai 2003, marquant la fin définitive d'une ère légendaire de l'aviation.

Avec le retrait du Concorde, c'est une page de l'histoire aéronautique qui se tourne. L'avion supersonique franco-britannique aura marqué son époque par son design avant-gardiste et ses performances inégalées, mais son modèle économique n'aura jamais permis de pérenniser son exploitation à grande échelle. Aujourd'hui, il reste un symbole de luxe et d'innovation, une prouesse technologique continuant de fasciner, même après son retrait du ciel.




Dernière mise à jour : Vendredi, le 7 février 2025